
Est-ce qu'ils ont un nom? Ces espèces de sandwich déposés dans les côtés obscurs de la ville. Ils sont bien refroidis, bien moisis, enveloppés de cellophane. Ils se cassent vite devant les regards impassibles. On les voit partout. On leur jette un sou en passant vite fait- derrière leur masque c'est plus facile à les ignorer. Les mains gelées, l'estomac dans les talons, ils encaissent la froideur, le mépris des gens, la fièvre qui ne se sent plus à force de trop glacer, des pluies abondantes. Et puis, quand la pluie s'arrête et que les pensées qui clochent se vident dans la poubelle de la ville, à quoi pensent-ils? Et surtout, en quel langage? Il y a un future, une forme verbale, une terminaison pour conjuguer une vie merdique ? *** Derrière mon masque, mes lunettes, je suis toute parée. Je me promène devant une chaîne de magasins bien connus: Primark, Zara, H&M. Les sacs dans les mains, les filles joyeuses lancent leur achat en plein-air, chaque semaine une célébr...